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Prix Picto de la Mode 2018
Cette installation exceptionnelle a eu lieu le 5 ocotbre 2018 au Palais Galliera.
Traditionnellement utilisée par les magazines et les marques, la photographie de mode fabrique au cours des années sa propre esthétique. Tout s’enchaîne et s’entremêle, le genre se confondant avec l’histoire du médium. Ainsi s’imposent des photographes comme Irvin Penn, Guy Bourdin, Betina Rheims ou Paolo Roversi. On ne parle plus de photographes de mode mais de photographes, d’auteurs ou d’artistes, simplement. Ils affectionnent la lumière, le corps, la matière ou encore les mutations de la société, de ses codes et de ses mœurs… Dès lors, leurs images, vues désormais dans les magazines autant que dans les musées ou galeries reflètent tout autant les parfums des dernières collections que les bruits d’une société en mouvement. C’est tout cela que nous aimons depuis l’origine du Prix Picto de la Mode en 1998. Aller à la rencontre de ces regards émergents qui nous conduisent vers de nouvelles expériences esthétiques.
Nous avons souhaitté cette année revenir sur le parcours de celles et ceux qui nous ont surpris depuis vingt ans. Les dix propositions artistiques présentées dans l’installation exceptionnelle du Prix Picto de la Mode au Palais Galliera, donnent le ton d’une jeune création photographique qui choisit souvent de renouveler une lecture du beau et de la lumière. Ce sont eux qui contribuent aujourd’hui à réinventer une manière de voir et de traduire la mode.
Vincent Marcilhacy
Picto Foundation Directeur
DANIELE TEDESCHI - ÉDITION 2000
L’installation « Spazio Temporale», est conçue spécialement pour l’exposition rétrospective du Prix Picto de la mode au Palais Galliera, Musée de la Mode de la Ville de Paris.
Les photographies présentées à l’extérieur, sont extraites de la série « Spazio Temporale» réalisées pour le magazine français « Bad To The Bone », hommage au créateur Japonais Junya Watanabe. Elles sont tirées au format 40×60 cm contrecollées sur aluminium.
Dans la vitrine, un coffret contient un extrait de cette même série, évoquant mon projet « Presenza / Assenza ».
Derrière le rideau, dans l’espace intérieur, un vieux 33 tours, arrêté à un instant précis, donne vie à une boucle répétitive. Simplement éclairés par une ancienne lampe de bureau à la lumière feutrée, se trouve ma table de travail, quelques objets du quotidien, ainsi qu’une boîte en édition limitée à cinq exemplaires, contenant la série personnelle « Ritratto complicato ».
Au mur, un grand tirage contrecollé sur aluminium 120×80 cm de « Jana », mention spéciale du prix Picto de la Mode en 2000.
Dans une vitrine, quelques uns de mes « cahiers intimes ». « UNTIS UT LIBET, FORIS UT MORIS EST »
(A l’intérieur pense comme il te plaira; au dehors comme il est coutume de penser)
Ainsi, je vous révèle une partie de mon appartement-atelier de la Place Dauphine et de ma vie.
Impressions jet d’encre pigmentaire sur papier Baryté
STÉPHANIE ERARD - ÉDITION 2004
«Alors, à la surface de l’être, dans cette région où l’être veut se manifester et se cacher, les mouvements de fermeture et d’ouverture sont si nombreux, si souvent inversés, si chargés aussi d’hésitation que nous pourrions conclure par cette formule: l’homme est l’être entr’ ouvert»
Gaston Bachelard «La poétique de l’espace»
L’espace comme point de départ. Celui qui nous entoure, nous habite, celui que nous habitons, que nous parcourons, qui nous enferme, dans lequel nous nous enfermons… Il est de multiples natures bien que, souvent oppressant et ambivalent.
Et qu’en est-il de l’espace intime ? Devons-nous l’appeler «intérieur»? Si oui, cela nous suggère un pendant, un dehors, des limites. Mais… quelles sont-elles: Le corps, ses mouvements ou bien nos pensées, nos visions…? Notre vision qui questionne et se questionne. Elle est parfois trouble, voir mensongère mais aussi clairvoyante et ciselée.
Toutes ces questions, de strates en strates, d’images en images alourdissent l’individu perdu dans un excès de couleurs, de superpositions, de multiples positionnements où le flou et le précis s’invitent dans une danse sans issue apparente mais qui laisse poindre un désir de fuite. Une fuite qui, peu à peu s’immisce. La lumière immacule l’espace et la transparence grignote les corps jusqu’à leur disparition, ne laissant en lévitation, que l’objet de vision abandonné… Aveugle.
Impressions directes sur plexi Night and Day
Tirage Argentique sur Lambda sur papier RC satiné, collage dibond
HENRIKE STAHL - ÉDITION 2006
A la suite du mouvement «me too» je sentais le besoin de revoir ma vision de l’homme. Je suis partie en quête d’une nouvelle masculinité, l’image de l’homme d’aujourd’hui. J’ai shooté la plupart de mes garçons dans ma banlieue, la rudesse du décor rendant par contraste plus douce encore l’image que j’ai d’eux.
«Macadam Cowboys» de Henrike Stahl s’affirme comme une réflexion en images sur la condition de l’homme dans la société contemporaine. D’origine européenne ou africaine, jeunes voire très jeunes, apparemment de classes sociales différentes , ils sont tous photographiés en banlieue, détail qu’on ne peut ignorer, comme on ne peut ignorer ce que le mot homme signifie encore en notre temps.
Dire homme c’est nommer une place de pouvoir dans une société spécifique. C’est aussi, dans Homme avec un H majuscule, affirmer une vision hégémonique et patriarcale de l’Humanité. Notions qu’on voudrait obsolètes, mais qui malheureusement continuent d’agir autant symboliquement que dans la vie matérielle.
Stahl écrit qu’elle fait écho au mouvement «me too» et pourtant choisit le titre assez subversif voire provocateur de «Macadam Cowboys». Pas besoin d’épiloguer ici sur le mot cowboy, symbole ultime et universellement connu d’une masculinité violente et conquérante. Au delà des mots, que nous disent les images?
Il y a, dans ces images, une pulsation brûlante mais aussi légère, une douceur mélancolique, rêveuse et presque enfantine, à la limite de l’impuissance, qui arrive finalement à contredire les notions de performance et de pouvoir sous-tendues par le mot homme. Un jeune homme a ses yeux effacés. L’autre, comme un pas-si-vrai cowboy urbain, pose monté sur un cheval statique, les deux suspendus dans un paysage de banlieue.
Ainsi, si on est tout d’abord surpris de la déclaration de Stahl, et de son hommage à l’homme après la polémique du «me too», les images nous répondent en contredisant la vision hégémonique – et violente – du masculin.
«Macadam Cowboys» apparaît comme un éloge ambigu à une masculinité qui demanderait un nouveau nom: un nom plus subtil, plus ludique, plus poétique, plus ouvert et, de ce fait, aussi plus fort, comme le lys qui brûle dans une des photographies, esthétiques mais aussi éthiques, de Stahl. »
Maurício Ianês
Née en Allemagne en 1980, mention spéciale du Prix Picto de la Mode 2006, Henrike Stahl vit aujourd’hui en Seine Saint Denis et travaille entre Paris et Berlin.
Impressions sur papier peint intissé
Tirages Argentique sur Lambda sur papier RC satiné, contrecollage sur alu
SUZIE & LEO - ÉDITION 2008
Suzie et Leo, duo d’artistes, présentent une installation à partir de leurs archives de photos de mode. Ces images servent de matière pour créer des «sculptures». Les différentes pièces s’accordent chacune autour du thème de la magie. De son pouvoir d’apparition et de disparition. En utilisant la matière du tirage, la matière digitale, symbolique et la matière minérale ou argentique; les images s’inversent, s’accumulent, disparaissent.
Impressions directes sur alu brossé
Impressions sur papier peint intissé
Impression sur plexi type diasec
Bloc plexi
ISABELLE CHAPUIS - ÉDITION 2010
L’installation présentée est issue d’une série créée pour le Magazine Marquise. Cette proposition met en scène le processus créatif et l’univers imaginé autour d’une forte personnalité : la Marquise Luisa Casati. Cette dernière succède de peu à la Duchesse de Galliera. Ces deux femmes semblent avoir certains points communs, toutes deux marquises d’origine italiennes, ayant vécues à Paris et pourvues d’un goût prononcé pour l’art.
LUISA AMANN (1881-1957), MARQUISE ROMAINE, ÉPOUSE DU MARQUIS CASATI STAMPA DI SONCINO.
De toutes les marquises, l’italienne Luisa Casati reste la plus intrigante, la plus curieuse et la plus fantasque. L’histoire retient qu’elle dilapida sa fortune dans l’objectif de faire de sa vie une oeuvre d’art. Grand regard soutenu et peau diaphane, ce sont dans ses imperfections qu’il faut chercher la beauté de la célèbre marquise. Ses excentricités et sa beauté lui forgèrent une réputation de femme fatale et contribuèrent à sa célébrité. Elle devint une légende parmi ses contemporains. Muse de nombreux créateurs, elle inspira, peintres, joailliers, parfumeurs, stylistes et écrivains.
TABLEAU DE RÉFÉRENCE, LA MARQUISE LUISA CASATI PAR GIOVANNI BOLDINI
Parmi eux, Giovanni Boldini peint un portrait où le sujet et le fond se confondent. Le peintre dispense son modèle de tout cadre paysager, lui préférant un fond neutre, animé par la touche souple et mouvementée qui caractérise son style. Il la dépeint magnétique et aspirante.
Afin de retranscrire le procédé pictural de Giovani Boldini, presque monochromatique, j’ai fait appel à la costumière et couturière Aurélia Maury (Givenchy, Jean-Paul Gaultier, Maison Margiela, etc) pour réaliser une grande etoffe d’où émerge une robe entièrement cousue à la main, le tout d’une seule et même pièce. La vie de la Marquise fut tumultueuse, à l’image de cette démesure, on ne sait pas si elle émerge ou si elle est aspirée par le mouvement du grand drapé photographié. Le rapport au tissu et au costume fait échos au musée de la mode où sont exposés nombre de costumes allant du XVIIIème siècle à nos jours.
Intime et calfeutré, on pénètre au coeur d’un espace immersif qui donne à voir la robe réalisée ainsi que la photographie finale. Aux pieds de la photo, une eau noire vient refléter l’image de la Marquise. Un échos au mythe de Narcisse, qui, épris de sa propre image, finit par mourir de cette passion qu’il ne put assouvir. La Marquise avait de semblable avec Narcisse un amour propre démesuré. La déambulation sera accompagnée d’une création sonore réalisée par le compositeur Guillaume Nicolas.
Impressions sur papier peint intissé
SOLÈNE BALLESTA - ÉDITION 2014
Mon travail s’inscrit entre passé et présent, dans une recherche perpétuelle de l’adaptation des formes traditionnelles à notre monde contemporain. Que cela soit en terme d’inspiration picturale, mais aussi de stylisme, ou d’Histoire, l’écho entre les époques et les espaces est au coeur de mes intentions. Ainsi j’ai développé une fascination toute particulière pour la mise en scène photographique, et comment elle peut créer un monde fantasmé qui n’appartient pas au nôtre, hors du temps. La photographie de mode permet une théâtralité du monde, car elle nécessite des costumes, des acteurs, un décor, une mise en lumière particulière.
La culture japonaise me fascine depuis mon enfance. La série présentée ici en est un hommage. Il s’agit d’une collaboration avec la créatrice Clara Maeda, dont les pièces atemporelles sont inspirées des contes et légendes japonais. Chaque détail et matière racontent une histoire, et en utilisant des tissus rapportés du Japon, elle compose des tenues entre orient et occident, en les adaptant à des coupes contemporaines.
La femme photographiée pour cette série est insaisissable, fragmentée. Elle ne relève d’aucun monde sinon le sien, se révélant au fil des éclats de lumières. J’ai mélangé les prises de vues argentiques et numérique, pour marquer cette suspension du temps, et apporter un grain qui sème le doute sur l’origine et la temporalité des images. Les accidents de développement et d’exposition, les flous de bougés, les décadrages… sont autant de petits accidents que j’ai choisi de sublimer, dans cet éloge du détail et du trouble qui caractérise l’esthétisme nippon.
La dimension sacrée des créations de Clara m’ont inspiré une scénographie à la fois sobre et immersive. En reprenant la forme traditionnelle du Kakemono, les photographies en grand format s’inscrivent dans la tradition japonaise de la mise en valeur aussi bien de l’image que du washi (le papier qui sert de support au rouleau). Trois grands formats disposés en quinconce inspirent une sorte de temple qui lie la spiritualité à l’esthétisme japonais. Il s’agit d’aller chercher le sacré dans l’élégance et le dénuement, en mettant l’accent sur la qualité du papier et sur les volumes.
Aux grands formats s’ajoutent des plus petites images encadrées, disposées de façon plus aléatoires, comme des constellations qui appuient la majestuosité des kakemonos, tout en racontant leurs propres petites histoires. La série s’articule ainsi sur trois pièces fortes, autours desquelles gravitent des «images- chapitres» en mosaïque. L’espace est pensé en trois dimensions, en mêlant suspension, collage, et encadrement, avec différents formats.
Impressions jet d’encre pigmentaire sur papier Bright White
LAURA BONNEFOUS - ÉDITION 2015
Explorer les limites du paysage
Dévoiler ses contours
Transcrire ses formes
Plonger dans ses profondeurs
Analyser ses résistances
Puis le confronter et le faire vivre de nouveau
Par une création portée
Par un vêtement vécu
Par un tissu habité
Les faire dialoguer
Créer un lien de force
Et faire de la puissance, d’un être, et d’une forme ; une émotion
«FAILLES» formule l’introspection d’un territoire par l’homme et ce qu’il crée. Les corrélations entre les images réalisées au Japon et les pièces du créateur Issey Miyake nous apparaissent telles de possibles connections sensitives. L’expression du paysage face à ces personnages dévoilent de nouvelles formes ou les créations deviennent organiques et les territoires personnifiés. De cela, des liens solides se dessinent et nous transportent dans une narration sensorielle du pays.
Picturales et sculpturales, ces analogies se répondent tels des espaces d’émotions, de couleurs et de formes révélant la complexité de nos «FAILLES» qu’elles proviennent de l’Homme ou de la Terre.
Kozo Blanc, Murakamo blanc
JULIE PONCET - ÉDITION 2016
«Wallflower» est une installation explorant le thème de l’intrusion. Se déroulant dans des décors entièrement recouverts de tissus et tapisserie, les saynètes s’échappent des photos pour prendre corps et envahir notre espace.
La première série, «Wallflower», est une série narrative: on suit image après image la réaction en chaîne que provoque l’intrusion chez l’héroïne. A l’heure des réseaux sociaux où nous présentons une image lissée et parfaite de notre vie, «Wallflower» questionne ce besoin de perfection affichée et ses conséquences.
La seconde série, «Intrusion», présente des saynètes individuelles, questionnant le concept d’intrusion. L’intrus dérange-t-il par son aspect différent ou par ce qu’il révèle de nous?
Addictions, phobies, poids du passé sont ainsi mis en scène.
Enfin, dans la dernière série, «Rougeole», l’intrusion n’est qu’un prétexte pour questionner le tabou des menstruations et évoquer plus largement la question de l’impact des activités humaines sur l’environnement.
Impressions sur papier peint intissé
Impressions jet d’encre pimentaire sur papier RC satiné
ELSA & JOHANNA - ÉDITION 2017
Dans le cadre de cette exposition exceptionnelle au Palais Galliera, nous présentons une installation de photographies suspendues qui s’inspire du concept de la robe en métal de Paco Rabanne (1966), composée de carrés et de rectangles d’aluminium, liés entres eux par des anneaux.
A l’image d’une grande boite lumineuse, cette maille de photographies en transparence se révèle grâce à la lumière.
Les photographies constituent ensemble la cartographie de notre univers artistique et donne une teinte à nos différentes inspirations. Portraits, natures mortes et paysages conversent ensemble et offrent une myriade de groupuscule d’histoires. Les yeux tracent ainsi un chemin abstrait et intuitif dans cette mosaïque volatile qui reflète la couleur et le temps passé.
Impressions jet d’encre pimentaire sur papier Awagami Murakamo blanc
PASCALE ARNAUD - ÉDITION 2017
Cette série est une ode aux femmes faite par une jeune femme. C’est une ode à leurs corps, leurs courbes, leur beauté, leur finesse, leur complexité, leurs complexes, leur fragilité. Elle poétise sans détour les empreintes du temps sur la chair, les cicatrices et les marques qui adoucissent le corps et le rendent pictural.
Ces figures, encadrées d’un châssis de bois et réunies par des charnières, deviennent les battants d’un paravent qui évoque intimité et pudeur. Au sein de ces trois triptyques, dos à dos, ces corps dénudés se répondent.
Impressions jet d’encre pigmentaire sur Ultrasmooth